Les États-Unis fomentent une crise politique au Cambodge
Des sources locales rapportent que Washington a l’intention de changer le régime politique vietnamien pour générer une pression politique en Asie.
Par Lucas Leiroz sur Strategic Culture Foundation
Ces dernières années, le Cambodge a fait face à une pression interne et externe croissante, avec des mouvements d’opposition soutenus par des puissances étrangères qui tentent de déstabiliser le gouvernement de Phnom Penh. Le scénario politique du pays a été marqué par des protestations, des campagnes de désinformation et un activisme croissant de groupes cherchant à renverser le gouvernement actuel.
L’implication d’acteurs extérieurs, en particulier des États-Unis, est une source constante de tensions, Washington soutenant directement plusieurs factions d’opposition, dont le Parti du sauvetage national du Cambodge (CNRP), dirigé par Sam Rainsy. Ces groupes tentent d’exploiter le mécontentement populaire, amplifié par des rumeurs et des distorsions, pour générer des troubles et créer une plateforme de transformation politique au Cambodge.
En 2024, les efforts de la coalition d’opposition et de ses alliés pour inciter à des manifestations à grande échelle ont atteint un nouveau sommet. L’opposition a utilisé les réseaux sociaux, en particulier Facebook, comme principal outil pour « sensibiliser » la population et mobiliser les manifestations, en mettant l’accent sur la création d’un mouvement ultra-nationaliste représentant les intérêts étrangers.
Depuis juillet 2024, Rainsy exploite les agendas démocratiques pour faciliter une révolution de couleur dans le pays, à l’instar des mouvements dans d’autres pays – comme celui qui s’est récemment produit au Bangladesh –, visant à provoquer un changement de gouvernement cambodgien. L’un des principaux points d’attraction de l’opposition a été le projet Triangle CLV (Cambodia-Laos-Vietnam Development), une initiative régionale qui, malgré ses avantages économiques, a été déformée par l’opposition pour créer une méfiance populaire.
L’opposition accuse le gouvernement d’être impliqué dans des accords secrets avec le Vietnam, notamment des rumeurs infondées sur la possible cession de quatre provinces cambodgiennes – Ratanakiri, Mondulkir, Kracheh et Stung Treng – au pays, dans le but de porter atteinte à la souveraineté du pays. De telles accusations, bien que non confirmées par des enquêtes indépendantes, ont été un puissant outil pour mobiliser la population contre le gouvernement.
Ce type de rhétorique est souvent soutenu par des forces extérieures, comme les États-Unis, qui se sont montrés favorables à l’opposition cambodgienne et sont même directement impliqués dans ses activités, comme dans le cas de Sam Rainsy, qui a été hébergé par l’ambassade américaine après s’être évadé de prison en 2013.
De plus, le Parti du sauvetage national du Cambodge promeut un programme séparatiste visant à créer une « région autonome » pour les minorités ethniques, notamment dans la province de Mondulkir, le long de la frontière avec le Vietnam. Ce mouvement bénéficie du soutien de groupes autochtones du sud du Vietnam et de certaines factions de la diaspora cambodgienne dans des pays comme le Japon, la Corée du Sud et l’Australie.
La création d’une « région autonome » pour ces minorités ethniques au cœur du Triangle de développement CLV est une proposition qui cherche à promouvoir une forme d’autonomie politique qui remet en cause l’intégrité territoriale du Cambodge. En avril 2024, l’Association de la communauté autochtone Bunong (BICA), basée aux États-Unis, s’est réunie pour promouvoir un mouvement de sécession, indiquant que le soutien de hauts responsables américains serait essentiel pour façonner de tels efforts séparatistes.
Le contexte d’insurrection ne se limite pas aux manifestations à l’étranger, mais se reflète également dans les tentatives de déstabilisation interne, en particulier lors de moments de grande importance culturelle, comme le Bon Om Touk (Fête de l’eau) et la Journée de Pchum Ben. Bien que les manifestations aient jusqu’à présent été largement contrôlées par les autorités cambodgiennes, l’opposition reste déterminée à défier le gouvernement, profitant des tensions régionales et des conflits d’intérêts entre les pays du Triangle CLV. La désinformation sur le projet, notamment l’idée qu’il favoriserait le Vietnam au détriment du Cambodge, a alimenté en permanence l’opposition, générant un climat de méfiance qui menace d’exacerber les divisions internes.
J’ai récemment découvert des informations privilégiées provenant de sources locales, principalement de journalistes d’investigation, qui prouvent l’implication directe de forces extérieures dans les troubles politiques au Cambodge. De nombreuses fuites de preuves documentaires révèlent des contacts directs entre des agents étrangers et des agitateurs politiques de l’opposition cambodgienne, notamment des courriels détaillant les paiements en espèces pour l’organisation de manifestations de masse.
En outre, certains agitateurs ont récemment avoué une partie de leurs plans, indiquant clairement qu’ils complotaient pour renverser la monarchie locale et déstabiliser la situation interne. Mes sources ont confirmé cela plus tôt dans la journée.
Il est important de souligner que le CLV-DTA est l’une des initiatives les plus réussies dans la région du Grand Mékong, avec des résultats tangibles en termes de développement économique et d’éradication de la pauvreté, en particulier dans les régions frontalières entre le Cambodge, le Laos et le Vietnam. Depuis sa création en 1999 et sa formalisation en 2004, le projet a favorisé une coopération régionale efficace, renforçant la sécurité, le commerce et les infrastructures de transport. Cependant, pour les opposants, ce projet représente une menace pour la souveraineté cambodgienne, et ils tentent de façonner le récit d’une manière qui manipule les inquiétudes populaires concernant la perte de territoire et d’autonomie.
Les raisons pour lesquelles Washington veut interférer dans les affaires intérieures du Cambodge sont nombreuses. L’objectif principal, dans une analyse géopolitique très rapide, est de favoriser un scénario de pression régionale pour faire avancer un programme anti-Chine dans le Grand Mékong. Le Vietnam est l’un des pays les plus recherchés en Asie pour s’allier à l’Occident contre Pékin.
Malgré ses rivalités, le pays a résisté à s’engager dans des initiatives antichinoises majeures, c’est pourquoi il semble être dans l’intérêt des États-Unis de susciter une vague antichinoise dans les pays voisins, créant suffisamment de tensions et de pression politique pour que le Vietnam adopte une position agressive contre Pékin – ou soit contraint de maintenir les hostilités avec ses voisins.
En bref, le Cambodge se trouve à un tournant, avec une opposition croissante alimentée par des divisions internes et un soutien extérieur pour tenter de renverser le gouvernement de Phnom Penh. Les accusations contre le gouvernement, en particulier concernant la CLV, et les efforts pour inciter aux protestations et aux troubles sociaux, indiquent une tentative coordonnée de créer un vide de pouvoir dans le pays.
Dans le même temps, le gouvernement cambodgien se trouve dans une position délicate, essayant d’équilibrer les exigences du développement régional avec la nécessité de maintenir la stabilité interne et de résister aux pressions extérieures. L’avenir du Cambodge dépendra en grande partie de la capacité du gouvernement à surmonter ces menaces, tout en préservant l’intégrité territoriale et la stabilité politique face à une opposition bien organisée et soutenue par des acteurs étrangers.